Découverte

Les projets de Mr d’Esnambuc

Il y avait longtemps que Monsieur d’Esnambuc méditait d’habiter l’île de la Guadeloupe, comme la plus prochaine de celle où il commandait qui était plus à sa bienséance et de laquelle il connaissait parfaitement la qualité et les avantages : mais se voyant supplanté par Monsieur de l’Olive son Lieutenant, auquel il avait communiqué son dessein et qui en avait obtenu le gouvernement des Seigneurs de la Compagnie, appréhendant que quelqu’un d’autre ne lui en fit autant de l’île de la Martinique, il résolut de ne plus différer d’en prendre possession et de l’habiter sous le nom de sa Majesté et sous l’autorité de la Compagnie.

Pour réussir dans cette entreprise, il prit environ cent hommes des vieux habitants de l’île de Saint-Christophe, tous gens de main, accoutumés à l’air, au travail et à la fatigue du pays, et qui étaient très habiles à défricher la terre, à la cultiver et y planter des vivres, et fort adroits pour y dresser des habitations.

Chacun de ces habitants fit provision de bonnes armes, de poudre, de balles, de toutes sortes d’outils, comme serpes, houes, haches, platines et autres ustensiles. Ils se fournirent de plants de manioc et de patates pour y planter, de pois, de fèves et d’autres graines pour y semer.
Monsieur d’Esnambuc étant parti de l’île de Saint-Christophe au commencement du mois de juillet de l’an 1635, descendit à la Martinique cinq ou six jours après. Il fit promptement bâtir un fort sur le bord de la mer, qu’il munit de canons et de tout ce qui était nécessaire pour le bien défendre. Le fort fut nommé le Fort Saint-Pierre, soit pour satisfaire à la dévotion particulière dont il honorait ce Prince des Apôtres, soit à cause qu’il avait mis pied à terre et qu’il avait pris possession de l’île, le jour de l’Octave des Saints Apôtres, saint Pierre et saint Paul.
Ensuite ayant fait travailler en sa présence à une grande habitation, après l’avoir fait planter de patates et de manioc, il s’en retourna à Saint Christophe, laissant le Sieur Dupont, homme de mérite et de courage, pour commander sous lui en qualité de Lieutenant, avec ordre exprès de conserver autant qu’il lui serait possible la paix avec les « Sauvages.

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