Le sucre, l’esclavage et la traitre des nègres
Quand Jean-Baptiste Du Tertre écrit son « Histoire Générale des Antilles habitées par les Français», nous sommes à un tournant capital de l’histoire des Antilles.
Les années 1660 constituent une période clef on assiste à la mise en place du système esclavagiste.
Le sucre devient en même temps la raison (ratio) et le moteur du maintien des colonies antillaises en tant que telles.
L’extension prodigieuse de la canne à sucre au détriment d’autres cultures qui en fait paraissaient déjà plus adaptées aux besoins locaux, le fait que les îles deviennent, à partir de 1660, des îles à sucre, répondaient d’abord à une demande de plus en plus accrue de ce produit nouvellement venu à la consommation européenne, mais surtout se sont trouvés liés à ce fait historique que le développement économique des pays européens était fonction de la richesse qui elle-même devait provenir d’un commerce de type nouveau fondé sur l’exploitation d’un certain nombre de territoires dont la fonction était de fournir aux pays européens un produit clé.
Aux Antilles, ce produit fut le sucre. Le cadre de cette exploitation fut l’installation, avec ses règles strictes, ses rapports particuliers, ses codes immuables, de la Société Esclavagiste. La traite des Nègres, fut pour les Européens, une activité éminemment rentable, et ceci pendant trois siècles et demi. La massive déportation des nègres venus de diverses parties du continent africain, originaires des zones très hétérogènes en ce qui concerne leur degré de développement économique et social, constitua un phénomène nouveau et unique de l’histoire de l’Humanité.
La traite était une sorte d’éternel recommencement ; des contingents nouveaux venaient sans cesse remplacer les esclaves morts.